jeudi 13 septembre 2012


A. Préambules : Considérations générales.


Le cours de techniques de synthèse ou d’animation se rapporte, dans le cadre de la section d’agent aux personnes, au travail des éducateurs sur le terrain. Avant tout, il est déterminé par le choix d’activités par rapport à des objectifs éducationnels à poursuivre.
Il est nécessaire dans une perspective éducative de déterminer des objectifs à long terme avec la personne à éduquer.  Effectuer des projets à courts et moyens termes permettra de mettre en place des relais pour arriver à l’objectif poursuivi.
A tout moment un réajustement de l’objectif principal s’impose en fonction de l’évolution des personnes en relation.
Pour parvenir à la réalisation de ces objectifs, je passe par le « faire », 

L’activité, l’occupationnel n’ont de valeur que s’ils sont inclus dans un mode de pensée, que s’ils sont sous-tendus par des objectifs. Il est important pour moi éducateur de maîtriser les techniques d’animation qui seront mes outils pour permettre aux personnes de se révéler.


Une démarche constante s’impose
     1. J’observe, me renseigne.
     2. Je fais un état des lieux de l’institution, des éducateurs, des outils, des personnes.
     3. J’établis une projection vers un mieux à atteindre.
     4. J’utilise des moyens pour provoquer l’intégration de ce mieux.
     5. J’évalue.


1. Différence entre animer et éduquer dans le choix d’une activité.

Commençons par donner un exemple : J’arrive devant un groupe d’enfants et je viens avec le jeu de société coopératif « Le corbeau ».  J’invite les enfants à gagner la table de jeu et je leur explique les règles.  « Il ne faut pas que le corbeau gagne.  Tous on va s’arranger pour ramasser les fruits avant que le corbeau n’ait réussi à mettre en place ses 12 pièces du puzzle » -

Là j’anime.


Même situation, mais auparavant j’ai remarqué que deux enfants veulent à tout prix avoir le leadership et veulent gagner à tout prix seul sans tenir compte des autres.  Je vais donc me plonger entre autre en ce jour de pluie sur le choix d’un jeu coopératif.  Le jeu « du corbeau » est une belle transition.  D’une part on gagne si les fruits sont ramassés avant que le corbeau n’apparaisse, mais on peut encore jouer sur le facteur : « Bravo à celui qui a ramassé le plus de fruits ».  Après nous pourrons jouer au jeu des pompiers qui me proposera avec le dé le choix d’avancer soit mon camion soit celui de mon copain qui est mieux placé pour arriver avant que l’incendie ne ravage tout l’immeuble. –
Là je fais de l’éducation.

La différence semble donc reposer sur l’intention qui sous tend « le pourquoi j’ai choisi l’activité. »

Dans un home pour personnes âgées, je me présente à la porte pour assurer le lever.  Je frappe :
-         « Bonjour, puis-je entrer ? Avez-vous bien dormi ? » (une formule de politesse qui permet à la personne de se sentir libre de dire oui ou non.
-         « Voulez-vous que j’ouvre la fenêtre ? » (La personne est chez elle, elle décide de ce qui est bon pour elle : maintien en autonomie.  En aucun cas il ne s’agit d’un enfant : c’est un adulte respectable qui sait de la vie beaucoup plus de chose que moi)
-         « On va passer à table, vous voyez votre déjeuner comment ?… Avez-vous besoin d’aide pour vous lever… faire votre toilette… Choisir vos vêtements. (A chaque réponse, la personne décide de ce qui est bon pour elle, dans le doute je la guide vers ce qui me paraît juste pour elle tout en permettant à la personne de commenter.)  Si je dois aller dans l’armoire : « Vous permettez » (là on entre dans l’intimité, une marque de respect encore plus grand s’impose)…. Et ainsi de suite
Chaque rencontre peut donc être une activité en soit qui sera guidée par un projet de relation, dans le but de mieux connaître la personne, afin de, dans une marque infime de respect, la faire évoluer vers ce qu’elle veut être tout en respectant les contraintes de la structure dans laquelle elle navigue.  Peut-être faudra t-il modifier certaines structures pour faire avancer chacun.


- Qu’est-ce qu’éduquer ?

Eduquer c’est accompagner une personne dans son chemin, son choix en lui proposant la réflexion, la mise en place d’étapes, des évaluations, des remédiations, des réajustements jusqu’au moment où il pourra de manière autonome se choisir, à besoin, des interlocuteurs miroirs qui pourront jouer ce rôle avec lui si, de lui-même, il ne peut tenir ce rôle. Dans ce cheminement la communication va prendre une place essentielle.  (Les activités seront l’excuse pour communiquer différemment.)




- Eduquer

Historique:
Dans la Spartes ancienne, éduquer signifiait former la jeunesse à suivre des principes et des valeurs imposées par les anciens. Dans d’autres villes grecques, comme à Athènes, éduquer, signifiait amener le jeune à goûter au bon et au beau par le travail du corps, la connaissance des lettres et la pratique des arts. A travers le temps, et les âges, éduquer a suivi la loi de l’alternance qui mettait l’individu soit dans un moule, soit sur le chemin qui le guidait vers sa propre vérité. Aujourd’hui encore, nous assistons à la même polémique de relations de pouvoir qui peut exister entre les êtres.

Définition:
Eduquer c’est accompagner un individu dans la recherche de son chemin en lui proposant des valeurs et des principes tout en lui permettant de choisir. A tous les moments, l’éducateur doit faire en sorte que son élève s’intègre et respecte la société. Il ne doit pas permettre la négation de l’être humain qui est en chacun. Pour réaliser cet accompagnement, l’éducateur doit choisir un rapport à l’autorité qui est adapté à la personne à éduquer.

Comment faire?
1. Connaître John
2. Proposer des objectifs adaptés à John et les mettre en place avec lui.
3. Permettre à John de répondre à ses besoins tout en poursuivant ses objectifs
4. Evaluer avec John et recommencer

Eduquer reste une tâche difficile, il n’y a pas de recette miracle. Chaque personne nécessite un projet individualisé et réactualisé. Certains passeront par l’apprentissage d’un savoir pour mouler l’être, d’autres préconiseront l’occupationnel pour entrer en relation avec l’être. La seule certitude est que l’on peut se tromper et donc rencontrer une forme d’échec. Ce sera toujours par un ajustement régulier, un choix précis d’un mode de relation et d’activités adaptées où l’on verra progresser l’être qui se forme. L’éducateur doit savoir qu’en réponse à son action sur toute personne, il y aura un changement de son comportement et de son être : « Ce que je considère comme vérité aujourd’hui, j’en douterai peut-être demain » Ce qui importe, c’est de suivre la voie de la vérité en respectant l’autre

 
2. Comment rentrer en contact ?


Quand je rencontre quelqu’un, ou que je me rends en stage, il faut toujours laisser ses soucis personnels derrière la porte, pour donner le meilleur de moi-même.
La rencontre impose une liberté de tension et que je vienne sans préjugé, idée toute faite.
 
Pour me préparer à la rencontre, je me pose quelques questions:

    1. A quel environnement vais-je avoir à faire ?
       Pour cela, je me questionne, je questionne la direction, le personnel, et par la suite j’observe et questionne les personnes placées concernées.
     2. Comment vais-je m’adapter pour faciliter le contact et apprendre à  connaître les personnes avec qui je vais travailler ?
     3. Quels sont les besoins des personnes que je vais rencontrer ?
     4. Que désirent-ils ?
          Pour ce, je vais vers les personnes en utilisant mes sens : écoute, vue, odorat, toucher, goûter.
     5. Qui sont-ils et vers quel avenir se destinent-ils ?

Je vais rencontrer des personnes et leurs besoins donc je me donne des principes:
 
     1. Chasser l’agressivité, la peur, les dominances ; la conversation et la relation doit se passer entre adultes. Une attitude dominatrice, protectrice peut être négative: le professeur qui passe seulement un savoir à l’élève en est l’exemple type.,
     2. Se servir des intérêts pour rencontrer les aspirations positives de chacun,
     3. Amener chacun à « positiver » les aspirations négatives
     4. Proposer des tâches faciles qui vont dans le sens d’une satisfaction et d’une réponse aux besoins les plus urgents, et par la suite proposer des tâches plus complexes qui vont nécessiter plus d’attention ; revenir régulièrement sur les tâches faciles pour permettre le renforcement et l’impression certaine d’avancer
     5. La confiance installée, aborder des projets qui seront dans le sens de la construction de la personne tout en laissant une place à l’expression des peurs et à l’échec qui fera place à un « recommencer »
     6. Faire un premier projet à proposer, venir avec des idées pour que les personnes puissent construire autour.
     7. Etre prêt à modifier, réajuster, en cas de fausse piste.
     8. Toujours terminer par « demain qu’est ce que je vais faire » à propos de ce que j’ai vu.  
     9. Me poser la question: « comment avance mon projet », « que dois-je modifier pour avancer »?
    10. Toujours maintenir l’objectif que l’on s’est assigné comme principal, même si sur le parcours on va proposer un crochet.

Toujours respecter la mise en ambiance, bien choisir le local ; un confort minimum doit être apporté pour permettre la réalisation de toutes activités et ne pas mettre en place des comportements négatifs.
     

En clair :

Là où je vais, j’emporte un savoir et un projet.
J’utilise des moyens non-violents pour communiquer.
Je prévois des moments de détente.
Quand je parle, la position de mon corps est importante, donc je m’adapte en fonction de l’effet que je veux créer:
 Debout : je domine
                             penché par-dessus : je protège
                             accroupi : je parle d’égal à égal.
Pour communiquer,  j’ai toujours mes interlocuteurs (enfants, ado, adultes) devant moi et je fais en sorte que ma voix puisse être entendue par tous. Je ne crie pas, mais je parle suffisamment haut et avec intonation pour que tout puisse être compris par tous. 
En cas de problèmes, de conflits je ne cherche pas nécessairement qui est fautif, je ne cherche pas nécessairement à punir, mais plutôt, je me pose la question de « savoir » : « qu’est ce qui a fait que John a posé cet acte, qu’est ce qui a fait qu’il a eu cette attitude ». Démonter le mécanisme qui a mené l’enfant à ce mettre dans la situation difficile ; Amener la personne en conflit à exprimer sa rébellion, est bien plus important que d’entrer dans une situation de crise.
Chaque enfant est important. Pour chacun, j’apporte la reconnaissance de son existence.
 
3. Présence ou autorité.

La question que tout étudiant en marche vers la recherche de lui-même, se pose, est de savoir s’il arrivera à s’imposer, à avoir de l’autorité sur...
En toute objectivité, le simple fait d’exister en tant qu’être authentique établit une relation privilégiée entre les êtres. Certes, certains, dont le charisme est plus prononcé semblent avoir plus de facilité. En fait, il n’en est rien... ils éprouvent les mêmes peurs que les moins hardis, mais, ils ont confiance en leur vérité. La perception claire de ce que je recherche et de mes objectifs peut aider à stabiliser mes peurs et à approcher plus sûrement l’autre.

Plusieurs formes d’autorité ont été instaurées par l’éducateur à travers le temps et ses temps d’expérience. Cela peut aller du « tout réglementer » au total « laisser faire ». Entre les deux, il existe une multitude de propositions et de solutions qui peuvent être appliquées à bon escient.  De toute façon, il faut se dire qu’il s’agit, même dans le cas d’un groupe, de gérer une relation interpersonnelle qui tient compte des deux paramètres: « Qui suis-je et qui est l’autre ». La connaissance de ces deux paramètres va me permettre à chaque instant d’adapter mon « autorité » afin que les messages passent et que l’éduqué trouve sa solution.

L’autorité peut être vue comme une relation de pouvoir ou de personne.

A quoi sert-elle? :
Elle sert au bon fonctionnement de la structure sociale. Elle doit être adaptée aux lieux, aux personnes et aux objectifs poursuivis.
L’autorité vise un résultat suivant le choix  et les priorités déterminés, je vais opter pour un mode d’autorité différent soit absolue (pouvoir dominant-dominé), soit libérale (chacun poursuit son fonctionnement à sa mode, soit discutée et partagée.

Avantages et inconvénients des méthodes.

Le tout réglementer, ou l’autorité absolue,   Avant toute chose, il s’agit de sécuriser de permettre à l’individu de trouver sa place dans un canevas préétabli. Chaque forfaiture aura sa sanction et chaque réussite sa récompense. Tout sera hiérarchisé. L’enfant ainsi encadré saura sa place dans le groupe. Il reconnaîtra aisément le bien du mal, il entrera dans un moule collectif où la personne dominante pourra avoir tout pouvoir sur lui.  Système politique de la dictature.
Autant la liste des avantages d’une telle méthode pourrait être longue autant la liste des inconvénients peut être courte et ramenée à l’essentiel : le manque d’autonomie, le respect du devenir individuel passe au second plan. La mise en place d’une personne dans un système éducatif où la relation dominant-dominé est prépondérante met à mal la mise en place des caractères individuels de la personne. Non seulement la créativité sera freinée, mais en plus l’individu ne pourra que difficilement sortir du carcan, du moule dans lequel on l’a installé. Peu de changements seront donc possibles et on se trouvera dans une situation où progressivement l’éduqué et l’éducateur oublieront la philosophie qui sous-tend le système pour ne plus en garder que la forme, le règlement, l’outil. Une perte progressive d’autonomie et des déviations seront inévitables. Nous en arrivons à nous demander si ce système n’entraîne pas une régression.
Avantages : On sait ce que l’on va faire, on connaît l’objectif à atteindre
                  Méthode qui vise l’efficacité, le gain de temps, l’organisation
                  Une seule personne est responsable et détient le pouvoir
Inconvénients : Manque d’autonomie, virant à la soumission, pas de discussion possible.  Régime de crainte parce qu’on n’a pas le droit à l’échec.  Un seul pense la solution, la vérité est peut-être ailleurs.

Le Laisser-faire propose à l’inverse une démarche qui laisse le champ libre à l’initiative et à l’investigation personnelle. Cette dialectique repose essentiellement sur la technique « d’essai erreur » où le sujet adapte son comportement en fonction de ses besoins et de ses désirs. Il choisira ce qui, pour lui, apporte une réponse, une solution au problème posé.  La créativité pourra être luxuriante et novatrice si...
Employée comme telle, le « laisser faire » met relativement l’éduqué en péril. L’éducateur ne pourra éviter les accidents ou les erreurs irréparables. Il semble certain qu’un minimum de repères soient nécessaires pour permettre à chaque individu d’effectuer ses choix. De même dans le cadre de l’agir, un minimum  d’apprentissage est utile pour mettre l’individu devant la réalité de chaque problématique. Abandonné à lui-même, l’éduqué qui n’a pas assez de volonté va louvoyer et risque à coup sûr de choisir les solutions de facilité qui procurent à court terme un semblant de Bonheur, une jouissance immédiate qui ira à l’encontre de sa vraie recherche et son cheminement vers son devenir, son destin. Il pourra lui sembler qu’il tient toutes les clefs de sa destinée en main, mais qu’arrivera t il s’il ne trouve aucune porte et serrure à ouvrir.
Avantages: Chacun peut faire ce qu’il veut.
                   Chacun peut grandir selon son propre chemin à son propre rythme.
                   On explore une multitude de possibilités.
                   L’échec est l’affaire de chacun et non plus le jugement du chef
Inconvénients: L’efficacité et la rentabilité sont en baisse
                        On fait fît de la société et de la collectivité
                        La personne en évolution n’a pas de repère  autre que lui-même
                        On risque d’assister à une remise en question systématique qui finalement sera préjudiciable à l’évolution de la personne (ce qui était un des avantages)       

Entre ces deux pôles une multitude de choix et projet éducatifs seront possibles.  Comme en toute chose, il me paraît évident de signaler qu’il est mauvais de se cantonner à une méthode éducative, à un seul rapport à l’autorité. Non seulement chaque individu m’imposera de choisir une méthode appropriée à lui, mais en plus, durant son accompagnement, il me faudra modifier régulièrement en fonction du besoin et des objectifs éducatifs poursuivis, les modalités relationnelles. Il me faudra parfois recourir à la réglementation absolue pour sécuriser, mettre des rapports clairs entre les personnes pour faire respecter la liberté d’un chacun et parfois laisser la bride sur le cou pour permettre une expérience déterminante.

Il me paraît dans se cadre de réflexion de signaler l’expérience sur la non-directivité de Rogers qui est un moyen terme respectueux de l’individu entre les deux pôles extrêmes.
Autorité discutée et partagée
Avantages : Richesses au niveau des échanges
                  Partage des responsabilités (organisation à la perfection, chacun choisit son rôle là où il est bien)
Inconvénients : Perte de temps ou du moins chaque organisation prend plus de temps
                        Il faut plus de personnes pour l’encadrement
                        Il coûtera plus d’argent.

En clair, l'autorité va être plus une question de "qu'est-ce que le met en place pour accueillir les bénéficiaires, comment je les respecte.  En allant rapidement dans l'action qui respecte tout un chacun, je vais installer un respect mutuel qui pourra évincer tout besoin d'autorité.
                       

4. L’attitude corporelle

De toute évidence la présence de l’éducateur va être déterminée par son contact, son apparence.  Si l’habit ne fait pas le moine : on ne doit pas se fier aux apparences, la présentation extérieure et vestimentaire de l’éducateur doit être appropriée à la fonction qu’il va occuper.  La correction vestimentaire cependant doit être essentielle.  L’éducateur en tant que référence se doit de donner un exemple de vie, de correction.  Même s’il doit aborder la « zone », à travers son attitude, on doit sentir qu’il est différent des gens qu’il encadre par sa prise de position toujours affirmée de façon que même par l’attitude.  Il entraîne le respect : pas d’ambiguïté.
La manière de porter sa tête va montrer la faiblesse, la soumission ou l’autorité.   Si dans mon tempérament je suis un être soumis, dans le travail, en travaillant sur mon maintien postural, je vais affirmer mon existence : tête haute, tronc droit, sans arrogance, regard clair, les yeux dans les yeux.
Ma voix aura donc les mêmes paramètres.  Je parle de ce que je sais ; si je ne sais pas, je dis que je vais me renseigner pour la fois prochaine.  Je ne mets pas en contradiction ni avec moi-même ni avec la structure avec laquelle je travaille.  La cohérence est de mise.  Pour cela je parle lentement et je module ma voix en fonction du but que je vais atteindre.  Si je parle fort, c’est pour attirer l’attention et directement, je me maîtrise pour ne pas montrer que j’entre dans l’escalade,  le non contrôle, la colère qui pourraient donner un pouvoir à ceux que je côtoie.  Personne n’a le pouvoir, il y a des références dans l’égalité.

5. La communication avec les personnes

Toute bonne communication passe par des choses dites, clairement avec des mots appropriés.  La personne doit savoir qu’avec moi c’est comme cela et avec les autres cela peut être autrement.  Aussi pour qu’elle le sache, je m’exprime en « Je »
« Je ne peux pas admettre… Je ne te permets pas… Pour moi je pense que…. Avec mon collègue, pour des raisons qui lui sont propres, c’est ainsi, avec moi ce sera comme cela… » L’avantage d’être clair aura pour conséquence que, lorsqu’un problème va surgir, la personne encadrée va avoir directement dans sa tête un choix : il saura que l’éducateur attend telle attitude, s’il se positionne contraire, et ce sera son choix, il sait qu’il va au devant d’une différence de point de vue.  Chaque éducateur dans une institution doit être au courant des modes d’application individuels (des autres éducateurs) afin que malgré les différences, il y ait une cohérence.  Dans une équipe il va peut-être falloir ajuster les différences pour avoir des comportements qui ne soient pas en opposition   expl : Avec Paul on peut fumer dans les chambres, avec Jean, c’est interdit.
La communication doit être claire dès le départ : c’est pour cela qu’il y a lecture d’un règlement qui sera applicable pour tous.  Le projet d’établissement fait partie de ce règlement.  Toutes les animations doivent aller dans le sens de ce projet.  Il ne peut être question de se mettre en porte à faux.  En arrivant dans une institution, je pose des questions pour percevoir le fonctionnement et dans cette enclave, je place mes exigences
Je place les repères qui seront des consignes fixes de travail, de partage, d’apprentissage de l’attente.
Toujours prévenir des échéances. Rappeler ne fait de tord à personne. Pour les petits enfants le rappel de l’échéance permet de ne pas troubler leur monde fantastique (« attention dans 5 min on mange il va falloir s’organiser pour ranger »).  

 

6. Comment être signifiant

Etre signifiant pour nos bénéficiaires, un bien beau principe ma fois difficile à appliquer. Surtout pour vous « stagiaires ». Durant cette heure nous allons essayer ensemble de décortiquer ce principe, en comprendre les fondements.
Lors de son passage au cours (2013) Olivier Louppe donne quelques outils: "Pour être signifiant, il faudrait...

- avoir un regard bienveillant, compréhensif, non-jugeant. Une réelle volonté de « sortir de soi » permet d’aller à la rencontre de l’autre, dans son monde à lui.
- mettre en place des activités intéressantes/inexistantes et/ou participer à celles qui existent déjà.
- participer à la vie quotidienne de façon active (manger à table avec eux, se mettre assis avec eux dans le salon, se mettre à leur niveau)
- ne pas observer de trop.
- ne pas avoir peur de se mettre dans le bain.
- avoir de la présence. 
- être congruent,
- être souvent présent (vraiment) auprès des bénéficiaires.
- être à l'écoute,
- mettre en place un cadre (être structurant pour eux).
- faire attention, être attentif aux besoins de la population encadrée.
- faire en sorte que les bénéficiaires sentent que l'on ait envie de les aider.
- renforcer le lien avec l'équipe qui est très important, vous devez faire partie de celle-ci, avoir une vraie place!
- créer du lien! 
- ne pas faire copain, copain...
- Avoir du "Feeling éduc"."

 7. Comment prendre un groupe en charge.

  
La première chose à posséder : Une grande motivation pour aller à la rencontre du groupe.    Pas de pieds de plombs, avoir le sourire et le regard clair, une démarche légère, la tête haute, les épaules bien en place.   Le bénéficiaire a son détecteur de bête à abattre en place. 
Confiance en soi .   Pour cela  
Avant : Bien préparer son activité :
-         bien savoir comment elle va se dérouler, comment je vais mettre mes personnes en place, installer ma salle, comment je vais communiquer, me présenter, le tout consigné sur une fiche au besoin.
-         Le matériel doit être prêt pour l’activité, rien de plus désagréable que de faire attendre pour un bic, un bout de papier, une balle…
-         Mettre en place des repères, mettre en place des codes et au besoin s’approprier les codes de l’institution ; c’est ici qu’interviennent les objectifs qui vont orienter mon action éducative.
Pendant.
Attaquer fort d’emblée : on démarre le plus vite possible l’activité en mettant les bénéficiaires dans l’action.
-         Rassembler de manière personnelle le groupe en fonction de l’activité ; on les mettra  autour de tables, en cercle ou groupés devant soi. 
-         Ne pas attendre que tous soient attentifs sinon l’après-midi sera passée.  Tant pis pour ceux qui décrochent au début   - A un moment de l’explication faire répéter ce qui a été dit  en feed-back, par l’arrivant tardif ou par le distrait.  Au besoin reprendre les explications : ainsi on contrôle en cours de route si tout a été compris. Comme le matériel est en place, que je connais mon activité à fond,  tout doit aller.
-         Mettre de la magie dans l’explication soit en introduisant une histoire, de l’imaginaire ou du vécu parfois même piquant.
-         Varier le ton de voix, surtout actionner le bouton vers la gauche, voire chuchoter un mot est incontournable pour retenir l’attention.  Chaque fois que je crie, je double la permissivité du décrochage, puisque je cautionne le bruit.
-         Une fois l’activité lancée avec tous, je peux faire du travail individuel : je passe près de chacun en m’intéressant à ce qu’il produit, je pars sur ce qu’il est et/ou a déjà fait et/ou pensé pour continuer avec lui une projection de son action.  Je renforce positivement ce qu’il fait et l’invite à poursuivre ; je veille à ce que chacun soit respecté par autrui et sanctionne les comportements sociaux négatifs.  Employons le « Je » et pas le « tu » lorsque l’on doit émettre une quelconque critique.
-         J’agis en fonction de mes objectifs en donnant des responsabilités en cours de travail.
Après.
La fiabilité de mon action éducative sera mesurée à ma capacité à tenir mes engagements, mes projets et à ma manière d’inviter chacun à boucler : Tout le monde nettoie, tout le monde a droit à une place au panthéon des artistes confirmés ou en herbe.